Bourse : pause tactique ou vraie relance ?

Les marchés financiers ont connu une nette embellie ces deux derniers jours, stimulés par une annonce majeure : la mise en place d'une trêve commerciale de 90 jours entre les États-Unis et la Chine, deux acteurs clés du commerce mondial. Concrètement, les droits de douane, qui sont des taxes imposées sur les importations afin de renchérir les produits étrangers, ont été réduits de façon significative des deux côtés. Les États-Unis sont passés d’un taux cumulé de 145 % à 30 %, tandis que la Chine a abaissé ses droits à 10 % sur les produits américains.

Cette détente est perçue par les marchés comme un signal d'apaisement, réduisant les craintes d’une escalade durable qui aurait pu affecter fortement le commerce mondial et, par ricochet, la croissance économique globale.

Wall Street et les bourses européennes en forte progression

À la Bourse de New York, les indices de référence, comme le Dow Jones, le S&P 500 (indice large des 500 plus grandes entreprises américaines) et le NASDAQ (fortement orienté vers les valeurs technologiques), ont tous clôturé sur de fortes hausses.

En Europe, le CAC 40 a également profité de cet élan positif. Les valeurs du secteur du luxe, en particulier LVMH, ont enregistré des performances remarquables. LVMH, très exposé au marché chinois, a bondi de 7 % en une seule séance. Pour rappel, le secteur du luxe est dit cyclique, c'est-à-dire qu'il est très sensible aux cycles économiques et dépend fortement de la consommation dans les économies émergentes, comme la Chine.

Matières premières : des ajustements nuancés

Sur les marchés des matières premières, les réactions ont été plus contrastées. Le prix du pétrole a progressé, porté par les espoirs de stabilisation des tensions au Moyen-Orient, notamment après des avancées diplomatiques entre les États-Unis, le Pakistan et l’Iran. Le pétrole est un actif hautement sensible à la géopolitique, toute tension ou détente pouvant affecter fortement les prix à court terme.

À l’inverse, les cours du blé ont reculé sur le marché à terme de Chicago. Malgré la trêve sino-américaine, un rapport du Département de l'Agriculture des États-Unis (USDA) prévoit une augmentation significative de la production de blé pour la campagne 2025-2026, pesant sur les prix en raison d’une anticipation de surabondance.

Les tensions macroéconomiques demeurent en toile de fond

Malgré ce soulagement temporaire sur les marchés, les institutions comme la Commission européenne maintiennent un ton prudent. Elles pointent plusieurs risques structurels :

• Le retour d'une politique économique américaine protectionniste, incarnée par Donald Trump, pourrait relancer les tensions commerciales mondiales.
• Les incertitudes politiques en France et en Allemagne, qui fragilisent la confiance des investisseurs et compliquent les plans de réforme économique au sein de l’Union européenne.
• Enfin, les tensions géopolitiques persistantes, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient, pourraient rapidement raviver la volatilité sur les marchés.

Définitions utiles :

• Trêve commerciale : Suspension provisoire des mesures de rétorsion commerciale (comme les droits de douane), le temps de négociations.
• Droits de douane : Taxe appliquée aux biens importés, destinée à protéger la production nationale ou à pénaliser certains pays dans des contextes de conflit commercial.
• Marché à terme : Marché où les contrats d’achat ou de vente d’actifs sont conclus aujourd’hui pour une livraison future.
• Cyclique (secteur ou actif) : Se dit d'un secteur qui évolue fortement en fonction de la conjoncture économique mondiale (ex : luxe, automobile, construction).
• Protectionnisme : Politique économique qui favorise les productions nationales en limitant les importations via des taxes ou des quotas.